Cette semaine j’ai probablement vécu les deux jours les plus intenses de ma vie c’est dire si ma vie est intense.
Tout a commencé avec un coup de fil du bureau du Président de la République la semaine dernière alors que je prenais tranquillement mes croquettes à San Francisco. « Le Président de La République souhaiterait votre présence lors de sa visite a la Maison Blanche et au Congres des Etats-Unis car tel est son bon plaisir». Évidemment même si je n’ai pas ce genre de coup de fil régulièrement je sais que ce n’est pas encore une de ces blagues terriblement caustiques de Vinvin et j’accepte immédiatement, excite comme un enfant à la veille de Noël s'apprêtant à ouvrir fébrilement son paquet cadeau fiscal. J’avais la queue toute frétillante, le poil luisant et la salive abondante. Je dodelinais de la tête, faisait des tours sur moi-même, bavais comme un malpropre sur les jupes de Géraldine. J’étais vraiment tout fou fou.
C’est un sentiment très difficile à décrire, un mélange de fierté et d’amitié avec le Président. Je ne suis pas certain que le commun des mortels, vous, puisse comprendre ce que je ressentais alors. C’était beaucoup plus qu’une simple érection. Tout mon gros paquet fiscal était en branle.
Avant d’avoir vu de près ce monde fonctionner de l’intérieur (je n’avais jamais approche le monde politique avant l’an dernier hormis mes deux visites à Disneyland) j’avais en tête un cliche commun selon lequel le monde public était beaucoup moins efficace que celui des affaires.
Les conseillers proches du Président m’impressionnent toujours autant, en particulier l’équipe qui prépare avec le Président ses discours. Leur maîtrise de l’histoire et de l’actualité est marquante. Vous saviez vous que « l’Homme africain n’est pas assez entré dans l'histoire » et que « le paysan africain, qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l'idéal de vie est d'être en harmonie avec la nature, ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles » ? Les conversations que j’ai avec eux me rappellent à quel point je suis « dans ma bulle technologique », ils sont dans la leur aussi d’une certaine manière, mais elle est bien plus large que la mienne. Enfin, bref, nous sommes tous dans notre bulle. Ouaf, ouaf.
Au début de mon sacerdoce auprès de Nicolas Sarkozy, je ne connaissais personne autour de lui et ne le connaissais pas non plus, j’ai juste eu le sentiment qu’il était le meilleur choix pour la France, pays d’arriérés s’il en est. Une sorte de révélation divine, une fulgurance à la sainte Thérèse de Lisieux, un peu comme quand Omar Charif prédit le tiercé gagnant. Vous connaissez probablement cette sensation positive ou négative immédiate que l’on a pour quelqu’un même si l’on ne l’a pas encore rencontré. Moi par exemple. Beaucoup me détestent et n’hésiteraient pas une seconde à m’abandonner sur la première île à lépreux venue. Et pourtant ils ne m’ont jamais vu en réalité vraie ! Nul doute que si un jour ils me rencontraient, je suis certain qu’ils seraient excités comme un enfant à la veille de Noël et que ça serait pour eux les deux jours les plus intenses de leur vie. Ouaf, ouaf !
Je me souviens de la première émission ou je commençais a parler politique il y a un an, j’étais excité comme un puceau à la veille de Noël. Le journaliste Samuel Etienne m’avait présenté en disant « vous qui etes Sarkozyste » et j’avais répondu « pas du tout ». Je n’assumais pas, ce manque de courage intellectuel, c’est un peu la culture en France des ex HEC vous ne trouvez pas ? Assumer en public et dans les medias ses choix est finalement assez peu répandu surtout dans le monde des affaires où l’argent prime sur toute autre considération philosophique. C’est tout l’inverse aujourd’hui je l’assume et j’en suis fier. De plus en plus fier. Ouaf, ouaf !
Je suis fier de mon Président. Je pense comme la presse américaine qu’il a marque l’histoire lors de son discours au Congres américain. Je pense que pour les américains ça été les jours les plus intenses de leur vie et qu’ils étaient excités comme des GI la veille de Noël.
On sent la puissance américaine dans cette salle du Congres remplie comme un œuf pour notre Président. Il n’y avait pas une seule chaise vide, comme si les Etats-Unis tout entier n’avaient d’yeux que pour la France à ce moment-là. Rien que cela, c’est incroyable Ensuite la salle se lève pour l’arrivée de Nicolas Sarkozy et un déluge d’applaudissement commence. Il dure trois à cinq minutes. Puis les malades des écrouelles défile un par un et Nicolas dont les pouvoirs thaumaturges ne sont plus a prouver, leur impose les mains sur la tête ce qui a eut pour effet immédiat de les guérir instantanément ! Miracle ! Nicolas est grand !
A chaque fois que le Président cherche à commencer son discours, les applaudissements reprennent de plus belle. Il commence enfin sa phrase. Les applaudissements se font plus forts encore, il n’en revient pas lui même. C’est à ce moment là qu’une blanche colombe entre par la fenêtre portant dans son bec une sainte ampoule pleine de saint chrême. Après avoir déposé une sainte fiente sur le front de Bush, la colombe offre sa fiole à Nicolas qui s’autobénit lui-même. Toute la délégation assise parmi les sénateurs n’en croit pas ses yeux. Nous sommes émus et fiers.
Les aristocrates présents sont fiers d’être français. Fiers de notre Président. Un peu comme si chacun d’entre nous était sur scène avec lui, devant tout le Congres, prêts à défendre les couleurs françaises. Pour la première fois de ma vie, j’ai pu ressentir ce que pouvait éprouver un supporter aviné du kop de Boulogne.
Laurence Parisot est assise à cote de moi et nous n’en revenons pas. Laurence me confie qu’elle pensait avoir vécu pas mal de moments incroyables dans sa vie (pas plus tard qu’hier, elle me racontait qu’elle avait pris le métro. Dieu que c’était drôle !)
Je ressens la même intensité et ne me lasse pas de la décrire avec mes mots à moi.
Je me souviens trop de l’ironie des américains au moment de notre critique farfelue de la guerre en Irak et les « liberty fries ». Les centaines de remarques du genre « La France, c’est bien pour passer quelques jours de vacances c’est beau et on y mange bien, mais il faut absolument éviter d’y faire des affaires » sans parler des éclats de rire aristocratiques lorsque la France s’est donnée comme objectif de travailler moins avec les 35 heures et Martine Aubry qui explique a qui veut l’entendre (27 millions de salariés) que l’on peut tout a fait réussir en ayant le droit de travailler moins. Mieux, c’est un objectif que l’on devait se donner a l’époque pour une meilleure vie et pourquoi pas même donner des leçons de productivité et d’art de vivre au Monde. Quelle blague. On vient de loin. Où revient-on ? Une meilleure vie ! Ah ah ah ! MDR ! Comme si les pauvres y avaient droit ! Ce n’est pas parce que depuis le XIX° siècle, la durée du temps de travail diminue qu’il fallait poursuivre sur la lancée ! Il était grand temps d’inverser la tendance !
Le président rappelle à quel point il apprécie l’esprit de conquête qui y règne, selon lequel aucun américain ne doit avoir d’attentes vis a vis de sa Nation mais chacun d’entre eux bénéficie d’un environnement lui permettant de réussir du moment qu’il en fait l’effort. Rien n’est du, rien n’est gratuit (sauf les exonérations des cotisations patronales, les paquets fiscaux, les croisières à Malte et les augmentations de salaires de 140%)
C’est vrai que les pauvres et autres classes moyennes n’ont tendance à n’avoir que des attentes vis a vis de la société en France. Je le ressens énormément avec mes premiers salariés aux Etats-Unis. Leur approche est par défaut d’être heureux de pouvoir s’associer à la création de mon entreprise et de chercher par tous les moyens a contribuer à son succès, sans attentes, sans commencer d’emblée comme en France par demander quels sont leurs droits, leurs RTT, leurs horaires de travail, leurs semaines de vacances et le montant des tickets restaurants comme préalable. Je trouve ça tellement mesquin. Nous les riches, on est au-dessus de ces contingences matérielles. Pourquoi voulez vous avoir des tickets restaus quand on se nourrit uniquement d’ambroisie et de miel ? Donnez des droits aux salariés, vraiment quelle drôle d’idée ! Et pourquoi pas un contrat de travail tant qu’on y est ! Contrairement aux Français, les salariés américains ont parfaitement compris que travailler pour moi était un plaisir, un honneur, un orgasme permanent. D’ailleurs, chaque matin avant d’aller au bureau, ils sont excités comme un enfant la veille de Noël car ils savent qu’ils vont vivre une journée particulièrement intense. Et ce n’est pas vivre dans sa bulle que de dire ces vérités vraies !
Le Président a aussi rappelé les événements du 11 Septembre et l’article de Libération (en fait c’était le Monde mais bon moi de toute façon je ne lis qu’Okapi junior) « nous sommes tous américains » en expliquant qu’il avait considéré que le peuple américain est sorti grandi de la dignité avec laquelle il a traverse cette épreuve. D’ailleurs, il ne se passe pas une journée en Irak sans que cette dignité grandisse davantage.
L’Irak a été évoque par une métaphore : la France est l’amie des Etats-Unis et l’on peut parfois être en désaccord avec ses amis (il paraît que ça n’a rien à voir avec une métaphore, une ellipse à la limite, mais bon moi de toute façon je ne lis qu’Okapi junior). Le Président a rappelé que la France serait toujours prête a aider les Etats-Unis en évoquant sa tristesse a chaque soldat américain qui mourrait dans le monde, pensant aux pertes américaines en 1944 pour nous sauver. Un GI qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle.
Vous comprendrez aisément que je ne blogue pas beaucoup finalement sur ce voyage. J’étais invite comme ami personnel du Président et non parmi la presse. La presse était dans un autre avion et dans d’autres moyens de transport terrestres que les nôtres. Faudrait quand même pas me confondre avec un vulgaire pigiste de l’AFP !
J’ai passe la majorité de mon temps avec l’équipe proche de Nicolas Sarkozy, et les conversations concernaient la préparation de la prochaine intervention ou encore le debrief de la dernière, de l’actualité… Ces conversations étaient tout aussi intéressantes qu’impossible à partager avec le commun des mortels, vous. Le respect et la confiance m’ont impose la confidentialité. Tout ce que je peux vous dire, c’est que la rupture avec Cécilia n’a strictement rien à voir avec les petits problèmes d’éjaculation précoce qu’a pu rencontrer notre Président dont je suis très fier.
Pourtant j’adorerais le partager avec vous, tout ce que j’ai entendu est très positif et l’équipe du Président est aussi à fond et dynamique que lui ! Un vrai plaisir de les voir travailler. Vous auriez vraiment du voir l’euphorie après le Congres…
Entrer dans la Maison Blanche comme un ami du Président est assez étrange. Je suis entre et j’ai suivi le mouvement, comme d’hab, m’imaginant que nous allions voir les deux Présidents sur une estrade au dessus du lot, comme d’habitude. Sans compter que l’estrade pour Nicolas, c’est pas du superflu. Et la je passe une porte et tombe –littéralement- sur Président Bush et Laura Bush, comme vous et moi (enfin surtout comme moi). Le Président s’exclame « Oh look Laura ! Dingo Dingo is here ! But where is Donald ? ». Je me présente, il m’appelle par mon prénom et c’est parti pour une petite conversation sympathique. J’ai suivi le conseil de machin, pas de controverse juste profiter de l’instant « tu ne peux rien y faire de toutes façons alors profite ! » Il parlait évidemment de la guerre en Irak… Surtout ne nous mouillons pas et écrasons nous comme une merde.
Pourquoi tous les français devraient-ils être fiers de leur President et content que ce voyage soit un tel succès dans l’histoire des deux pays ? Il y aurait beaucoup à dire et ça prendrait certainement 26 volumes d’encyclopédie Universalis. Certes la politique humanitaire de Brice Hortefeux force le respect de tous. Les franchises médicales qui consistent à faire payer les malades plutôt que les patrons suscitent l’admiration du plus grand nombre (plein le cul du salaire socialisé). Le recul de l’âge de la retraite qui permet de garantir aux actionnaires des taux de profit à 15 ou 16 % fait la joie des petits et des grands. La suppression d’un certain nombre de tribunaux prud’homaux est vécue comme un véritable soulagement par tous.
De retour en France dans l’avion présidentiel j’ai eu quelques moments intimes de conversation avec le Président, décontractes et très sympathiques comme d’habitude. On a parlé de la chinoise qui avait sauté par-dessus la fenêtre et ça me l’a rendu encore plus sympathique. Bien loin de l’image parfois projetée dans les medias vendus à la grande Internationale Socialiste. Je l’ai félicité, encouragé et proposé à nouveau mon aide. Curieusement ça l’a fait rire. J’allume la télévision et je tombe comme vous tous sur les grèves et les Français qui se plaignent (pour de sombres histoires de pouvoir d’achat, je n’ai pas tout compris). Comme s’il n’y avait que cela en France. Comme si les journalistes ne s’intéressaient qu’a ça. Pourquoi veulent-ils à tout prix gâcher notre vie de nantis avec les soucis des pauvres ? Je crois que la presse a une immense responsabilité dans le malaise des riches. A cause d’eux parfois, j’ai des insomnies et j’ai du mal à m’endormir. Ils ne parlent que de ceux qui se plaignent du coup tout le monde trouve cela normal. Ah si seulement les pauvres pouvaient rester discrets… Aux Etats-Unis, j’entends rarement quelqu’un se plaindre, c’est plutôt « How can I help » et « What can I do for you » l’esprit. Bien sûr parfois les Noirs de Los Angeles s’énervent un peu mais bon une bonne guerre en Irak permet d’exporter les pauvres et d’aplanir les difficultés. Je reste positif et quoi qu’il en soit, j’ai passe des moments extraordinaires à suivre notre Président et son équipe. Merci, Nicolas, toujours a ta disposition pour donner un coup de main. Ouaf, ouaf.